Le 3 mars, Jean Castex a annoncé la fin du port du masque en intérieur et la suspension du pass vaccinal à compter du 14 mars, alors que les indicateurs épidémiques repartent à la hausse. Plusieurs experts jugent cette décision “prématurée”.
Va-t-on trop vite en besogne ? Invité du JT de 13 h de TF1 le jeudi 3 mars 2022, le Premier ministre a annoncé un nouvel assouplissement des mesures sanitaires en France. Cet allégement intervenait dans un contexte de baisse significative de nombre de nouveaux cas de Covid, mais ces derniers jours, la tendance s’est inversée.
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En effet, dans son dernier bulletin, Santé Publique France recensait ce mardi soir 93 050 nouveaux cas de coronavirus en vingt-quatre heures, le nombre quotidien d’infections le plus élevé depuis le 22 février, en hausse de plus de 16 % en une semaine. Pourtant, l’échéance pour l’allégement des restrictions reste fixée au 14 mars. A cette date, le pass vaccinal doit être en principe suspendu et le port du masque ne sera plus obligatoire.
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Incompréhension chez certains épidémiologistes
L’épidémiologiste Antoine Flahault a estimé jeudi 3 mars sur franceinfo que “suspendre le pass vaccinal peut s’entendre”, en raison du taux de vaccination atteint en France, mais que “la levée du masque dans les lieux clos alors que le virus circule encore fortement laisse les personnes à risque plus exposées aux formes graves et sévères de Covid-19“.
Il poursuit : “C’est dans tous les lieux clos, mal ventilés, qui reçoivent du public, qu’on se contamine. On est encore très haut en taux d’incidence aujourd’hui. Dire qu’il ne sera pas nécessaire de porter le masque quand le virus circulera peu, je l’entends très bien, assure Antoine Flahault. Mais dire que ce sera le 14 mars, c’est un peu précipité, je doute qu’à cette date, la circulation du virus soit si basse qu’il n’y ait plus beaucoup de risques.”
Antoine Flahault déplore en effet un risque important pour les plus fragiles, notamment pour les personnes personnes immunodéprimées ou avec des comorbidités. “On va recommander à ces personnes de s’auto-confiner presque, de porter un masque FFP2“, a-t-il conclu chez nos confrères.
Et ce n’est pas le seul à s’inquiéter de cet assouplissement. Mickaël Rochoy, basé à Outreau, est farouchement opposé à la fin du port du masque obligatoire le 14 mars. Dans son cabinet, le docteur a placardé une affichette qui “recommande fortement de le conserver dans tous les lieux clos”. Il la propose même au téléchargement à ses collègues médecins. Pour ce cofondateur du collectif “Stop Postillons”, le Covid-19 circule encore beaucoup trop pour envisager ce type de mesure, rapporte La Voix du Nord.
“On est encore à plus de 100 décès par jour. Bien sûr, il n’y aura pas de cadavre dans les rues, bien sûr, les réanimations ne seront pas forcément surchargées parce qu’Omicron est moins virulent, mais on va surcharger le système de santé en ville, retarder des prises en charge…” a-t-il déploré.
Quant à la levée du pass vaccinal le 14 mars, le docteur Rochoy a dit comprendre cette décision, étant donné le fort taux de vaccination en France.